Les riches ont gagné, mais quels riches ? Tous ceux qui, dans un pays comme la France, gagnent 6 000 euros net par mois et plus (montant à partir duquel les Français, interrogés en 2013 par « Challenges », situent la richesse) ? Ou ceux qui possèdent 1 million de patrimoine ? Ou les très riches (10 millions) ? Ou les hyperriches, ce 0,1 % de la population qui nourrit à la fois les fantasmes des plus modestes, les tirages des magazines people et l’imagination fiscale des gouvernants à la recherche de symboles politiques d’équité ?
En majorité, ce ne sont pas des nantis paresseux ni des parasites de la modernité. La plupart agissent, produisent et s’efforcent de maintenir ou de développer leurs actifs. Ils jouent plutôt un rôle de modèle enviable que de repoussoir ou d’adversaire.
C’est peut-être en cela qu’ils ont gagné, sans avoir mené de guerre ni suscité de révolte. Pourquoi un tel succès, qui ne paraît ni précaire, ni sérieusement contesté ? Les nombreuses raisons sont l’objet de ce livre. En voici quelques-unes :
• Les riches n’ont pas de frontières. Ils peuvent investir partout où le rendement de l’argent leur semble optimal.
• Les héros contemporains sont sportifs, acteurs et artistes, entrepreneurs à succès. Ils sont payés, en moyenne, trois fois plus qu’au siècle dernier.
• Les taux de rendement des capitaux seront durablement, au cours de ce siècle, plus élevés que celui de la croissance économique moyenne. Qu’ils travaillent ou non, les riches s’enrichissent.
• Les riches sont militants et acteurs d’une idéologie : le libéralisme. Personne n’a, à l’échelle mondiale, de doctrine crédible à lui substituer. Les riches sont à l’aise avec l’idéologie dominante, la leur.
• Partout dans le monde, le seul adversaire des riches est la fiscalité. Celle-ci ne pourra obtenir de résultats significatifs que lorsqu’il y aura une véritable fiscalité mondiale. on en est loin.
• Ce sont les riches qui créent les emplois. Le pire, pour un responsable politique, serait de déclencher une grève, pire un exode des employeurs. on ne peut pas faire la guerre aux riches quand on est au pouvoir.
• Les riches tiennent les médias, directement ou indirectement. soit parce qu’ils en sont propriétaires, soit parce que les médias ont un besoin vital de la publicité qu’ils peuvent leur accorder, ou pas.
• Les riches possèdent ou contrôlent l’essentiel de l’argent sur la planète. Ils détiennent donc le pouvoir primordial, celui de l’argent. Le reste suit.
Ainsi s’exerce le pouvoir des riches. Ils sont forcément modernes, sinon ils ne survivent pas longtemps dans un monde en accélération permanente.
Les riches ont gagné. Ils n’ont même plus besoin de s’en vanter. Ce monde actuel est devenu le leur, ils y sont chez eux.