Extrait de la conclusion
« Je fais partie de ceux qui estiment que le lecteur est en droit, s’il en a la curiosité, de disposer de quelques éléments sur quiconque lui propose une interprétation d’un phénomène de société actuel. Un sujet comme riches et pauvres, remue en chacun sa sensibilité, ses opinions, souvent ses réflexes conditionnés. Voici donc quelques informations plus personnelles.
Je suis journaliste et essayiste et n’ai exercé que ce métier. Lequel consiste à rapporter et tenter d’expliquer, les faits et leurs conséquences. Je sais que l’objectivité est un leurre, mais je crois à l’honnêteté et à la tolérance dans cet exercice. Les gens ne sont jamais noirs ou blancs et c’est précisément ça qui m’intéresse. Je ne me sens donc pas obligé de prendre une position sur tout, avant d’avoir au préalable informé.
Je fais aussi partie des privilégiés de ce pays. Mon seul héritage, mais décisif est d’avoir eu accès aux bonnes écoles, au sein d’une famille unie et tolérante, où l’on parlait volontiers à table des affaires du monde et de l’avenir. Puis j’ai eu la chance d’avoir envie d’entreprendre dans un métier qui, alors était en plein essor, la presse magazine. J’ai créé, relancé, cédé et repris de nombreux titres, qui ont ainsi pris de la valeur. Ce qui m’a assuré confort et bien-être pour les miens et ma sécurité matérielle. Ce faisant j’ai créé chaque année des emplois, j’ai aussi affronté, rarement la nécessité de fermer un titre qui me semblait condamné au déficit, avec des licenciements à la clé. J’ai toujours été patron de presse et j’ai aimé le faire. L’industrie ou la finance m’auraient beaucoup ennuyé, j’ai donc eu la chance de gagner ma vie avec ce qui m’intéressait : comprendre mon époque. Depuis trente ans j’écris des livres pour essayer d’y contribuer ? Tout ce que j’ai pu ainsi construire est le résultat de mon seul travail.
Je vote à gauche, ce qui me semble un minimum pour un bénéficiaire du système. J’ai été tenté, par la politique, par réflexe familial, mais je n’y suis pas allé, car j’avais compris qu’alors je perdrais ma liberté d’expression. Aujourd’hui je n’ai pas une bonne opinion de la politique, que j’ai vue se réduire à un jeu électoral. La démocratie républicaine me semble une machine vieillie au rendement décevant. Mais quand j’observe ce qui se passe autour du monde, je mesure ma chance d’être citoyen européen, libre de m’exprimer et protégé par les lois. J’ai la hantise de l’arbitraire et de la violence. Si l’on me soupçonne de modération et de réformisme, je ne me défendrai pas.
Mon militantisme personnel est plus inspiré par la défense des droits humains, aujourd’hui mis en cause ou attaqués tout autour de la planète. J’occupe des fonctions de soutien et responsabilité dans une ONG internationale, qui se fixe de rassembler partout les faits à cet égard, de les faire connaître et de les dénoncer. Une prolongation naturelle et de plus en plus nécessaire de mon métier de journaliste. Sur la défense des droits humains, j’avoue et j’affiche mon parti-pris. »