LE MONDE | 1er février 2013
Dans son 18e rapport, dévoilé vendredi, la Fondation Abbé Pierre tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme face à une crise qui s’accentue et s’élargit. « Les nouvelles sur le front du logement ne sont pas bonnes », résume Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation. 685 000 personnes sont dépourvues de logement personnel en France (dont 133 000 sans domicile fixe), mais au total 3,6 millions sont « non ou mal logées » et plus de 5 millions sont « fragilisées » par la crise du logement. La crise de 2008-2009 continue de produire « des effets particulièrement inquiétants », surtout pour les plus modestes, qui sont les premiers touchés par la montée du chômage et de la pauvreté. Signe d’une dégradation de la situation pour les locataires, « les impayés progressent » et de « nouveaux records » ont été atteints pour les expulsions (113 000 en 2011). Les familles s’adaptent au prix de « toujours plus de renoncements, avec une gymnastique budgétaire qui ne tient plus », souligne Christophe Robert, délégué général adjoint. En 2011, plus de 6 millions de ménages ont bénéfié d’une aide au logement, soit le« niveau le plus élevé » depuis la création de ces aides. En attendant la grande loi cadre sur le logement et l’urbanisme prévue en juin, la Fondation salue d’ores et déjà l’encadrement des loyers à la relocation, le passage de 20 à 25 % de logements sociaux par commune dans la loi SRU, ainsi que la cession de terrains publics pour en construire. Mais elle réclame aussi une vraie « cohérence » de la politique du logement, pour que les plus modestes, fragilisés par la crise, ne se retrouvent pas à la rue, contraints alors de faire appel à l’hébergement d’urgence qui est engorgé. Dans ce contexte, les dons à la Fondation sont plus que jamais nécessaires.