Jean-Christophe Chanut | 16/09/2013, 03:50 – 761 mots
Le niveau de vie médian a quasiment stagné en 2011, atteignant 1.630 euros mensuels selon l’Insee. Les 10% des personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10.530 euros annuels, alors que pour les 10% les plus aisés, il dépasse 37.450 euros. Le taux de pauvreté a augmenté, avec 8,7 millions de personnes (soit 14,3% de la population) qui vivent avec moins de 977 euros par mois.
Ca stagne. Selon la dernière enquête « Revenus fiscaux et sociaux » de l’Insee, en 2011, le niveau de vie médian s’élevait à 19.950 euros annuels (1.630 euros par mois), soit un niveau équivalent en euros constants à celui de 2010. Sous l’effet de la crise, il avait baissé en 2010 (-0,5%), après une progression faible en 2009 (+ 0,4%). Auparavant, entre 2004 et 2008, il avait augmenté de 1,8% par an en moyenne.
Et si l’on découpe la population en 10 déciles égaux , les 10% des personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10.530 euros annuels, alors qu’à l’autre bout de l’échelle, les 10% les plus aisés disposent d’au moins 37.450 euros.
Pour bien comprendre de quoi il s’agit, il convient de préciser que, selon l’Insee, le niveau de vie s’entend comme le revenu disponible du ménage – revenus d’activité, retraites, indemnités de chômage, assurance-vie, PEA, livret d’épargne populaire, épargne logement, prestations sociales, etc., le tout net des principaux impôts directs – divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Ces UC correspondent aux personnes qui composent le ménage. Elle sont calculées selon une échelle qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.
Le niveau de vie médian partage donc la population en deux : celle qui dispose d’un niveau de vie inférieur et l’autre moitié qui a un niveau de vie supérieur.
Le niveau de vie a baissé pour la partie de la population la plus modeste
A la différence de 2010 où pratiquement toutes les catégories de population avaient subi une baisse de leur niveau de vie (seule les 5% les plus aisé avaient progressé), en 2011, la situation s’est plutôt améliorée dans la moitié haute de la population alors qu’elle a continué de se dégrader dans la moitié basse. Ainsi, pour le 9e décile (catégorie au-dessous duquel se situent 90% des salariés), le niveau de vie a progressé de 2,1% en euros constants, plus fortement que les trois déciles qui le précèdent (de +,01 à + 0,8%). En revanche, pour les quatre premiers déciles (ceux en dessous du médian, donc), le niveau de vie a baissé en 2011 entre -0,2% et -0,8% selon le décile mais à un rythme cependant moins soutenu que les deux années précédentes.
Les inégalités se creusent
La conséquence directe de ce phénomène, est la progression des inégalités. Entre les 10% les plus pauvres et les 10% les plus riches, l’écart de niveau de vie atteint maintenant 3,6, contre 3,5 un an plus tôt.
Selon l’Insee, cet accroissement de l’écart s’expliquerait notamment par une augmentation des disparités salariales. En 2011, les bas salaires pâtissent de la faible revalorisation du Smic horaire. De plus, la part dans le premier décile des salariés à temps partiel ou possédant un emploi à durée limitée augmente. Autre explication, pour les 10% des personnes les plus aisées, les revenus du patrimoine représentent 27% du revenu disponible en 2011. Or, le dynamisme de ces revenus cette année là a donc contribué positivement à la progression du niveau de vie de ces personnes.
8,7 millions de personnes sous le seuil de pauvreté
Autre point sensible, en 2011, 8,7 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (qui correspond à 60% du niveau de vie médian de la population), soit 977 euros par mois. Et la moitié d’entre elles vivent même avec moins de 790 euros mensuels. Le taux de pauvreté monétaire s’élève ainsi à… 14,3% de la population, soit une hausse de 0,3% par rapport à 2010. Il atteint ainsi son plus haut niveau depuis 1997. Et encore, cette hausse est plus modérée que celles enregistrées les deux années précédentes (respectivement + 0,5% en 2009 et + 0,6% en 2010).
A noter qu’au sein de la population « pauvre », l’Insee constate quelques évolutions : le taux de pauvreté des retraités diminue sur un an, passant de 10% à 9,3%, notamment en raison de l’arrivée de retraités bénéficiant de carrières salariales plus favorables ; à l’opposé le taux de pauvreté des actifs progresse, passant de 10,2% à 10,9%, notamment, on l’a vu, en raison des faibles progressions salariales. Et, s’agissant des chômeurs, l’augmentation des durées de chômage s’accompagne automatiquement d’une hausse du nombre des demandeurs d’emploi ne percevant plus d’indemnisation. Résultat, le taux de pauvreté des chômeurs est passé en un an de 35,8% à 38,9%.
Enfin, point assez dramatique, le taux de pauvreté des jeunes ayant un emploi a augmenté, lui, de 1,4 point en 2011, à 11,5% contre + 0,5 point (8%) pour l’ensemble de la population ayant un emploi.