Lefigaro.fr | 24/04/2013 à 06:56
Le niveau de vie des Français a stagné ou baissé en 2010, mais cette tendance masque une réalité contrastée : les plus modestes ont été particulièrement touchés par la crise, alors que les 5% les plus riches ont tiré leur épingle du jeu, souligne une étude de l’Insee.
Cette année-là, le niveau de vie médian de la quasi-totalité des ménages français a baissé de 0,5% par rapport à 2009, indique l’Institut de la statistique dans son ouvrage « Revenus et patrimoines des ménages » publié mercredi. Il atteignait 19.270 euros annuels, soit 1.610 euros par mois (la première moitié de la population ayant moins, la seconde plus).
Mais si presque tous les Français sont concernés par cette baisse, elle est plus sensible dans le bas que dans le haut de l’échelle de revenus, précise l’Insee. Ainsi, la diminution oscille entre 1,3 et 1,6% pour les 30% les plus pauvres, mais est limitée à 0,3% pour les 10% les plus riches.
Seules les catégories les plus aisées ont échappé à la stagnation ou à la baisse de leur niveau de vie. Ainsi, le niveau de vie des 5% les mieux lotis est reparti à hausse en 2010 (+1,3%) après avoir quasiment stagné en 2009 (+0,2%). Et les revenus des 1% des personnes les plus aisées ont augmenté plus fortement encore.
Conséquence de cet écart, la plupart des indicateurs d’inégalité ont progressé en 2010, ainsi que le taux de pauvreté monétaire, qui a atteint 14,1% de la population (en hausse de 0,6 point par rapport à 2009), rappelle l’Insee. Cela signifie qu’en un an, environ 440.000 personnes supplémentaires sont tombées sous le seuil de pauvreté.
La hausse a particulièrement touché les familles, avec 2,7 millions d’enfants pauvres et un taux de pauvreté des moins de 18 ans de 19,6% en 2010.
Plus de pauvres chez les femmes âgées
« Depuis le début de la crise, en 2008, le niveau de vie a augmenté pour les Français situés dans la moitié supérieure de l’échelle des revenus alors qu’il a diminué pour les autres », a résumé Jérôme Accardo, chef du département des prix à la consommation, des ressources et des conditions de vie des ménages, en conférence de presse.
Le système de protection sociale a toutefois amorti l’augmentation des inégalités, précise l’Insee. Ainsi les allocations chômage et les transferts sociaux (prestations familiales, allocations logement, minima sociaux) « ont atténué les écarts d’évolution d’un bout à l’autre de la distribution ».
Autre enseignement de l’étude: depuis 1996, en moyenne, les niveaux de vie des plus de 65 ans et des personnes d’âge actif évoluent parallèlement.
Mais, au-delà de cette moyenne, les situations individuelles sont plus contrastées, souligne l’Insee. Ainsi le niveau de vie des seniors les plus jeunes a progressé plus rapidement que celui des plus âgés. En effet les générations récentes de personnes âgées, et particulièrement de femmes, bénéficient de carrières salariales de plus en plus complètes et arrivent à la retraite avec des niveaux de pension, et donc des niveaux de prix, de plus en plus élevés.
« Les nouveaux retraités ont acquis de meilleurs droits à la retraite et ont bénéficié de la montée en charge des retraites complémentaires », a souligné Madga Tomasini, sous-directrice de l’Observation de la solidarité à la Drees (ministère des Affaires sociales).
Avec un taux de pauvreté de 10,4% en 2009 (dernier chiffre disponible), les personnes âgées restent en moyenne moins touchées par la pauvreté que les personnes d’âge actif, souligne aussi l’Insee. Mais la pauvreté des seniors reste concentrée et s’est même accrue chez les femmes de plus de 75 ans, souvent veuves et qui, sur les générations concernées, ont peu travaillé et donc moins cotisé pour leur retraite.
Article original sur le site du Figaro.