Par Pierrick Fay | 21/01 | 06:00
Selon une étude britannique, leur population devrait bondir de près de 500.000 rien qu’aux Etats-Unis cette année.
L’Inde, l’Indonésie et le Nigeria vont aussi connaître une forte croissance de leur population fortunée.
Le Forum économique de Davos ouvre ses portes mercredi en Suisse et il va peut-être falloir penser à augmenter l’offre hôtelière pour les prochaines années. En effet, le nombre de millionnaires est appelé à croître fortement à l’avenir. Il pourrait même exploser cette année, selon le pronostic de la société WealthInsight. Rien qu’un chiffre : leur population devrait bondir de près de 500.000 rien qu’aux Etats-Unis !
Les millionnaires ou « High Net Worth Individuals » (HNWI), ce sont les personnes qui possèdent plus de 1 million de dollars disponible pour investir. Fin 2013, on comptait 12,5 millions de HNWI dans le monde, 46 % de plus qu’en 2008, selon le World Wealth Report 2013 de Cap Gemini et Knight Frank. Les riches apparaissent en effet comme les premiers bénéficiaires de la politique d’injection massive de liquidités de la part des banques centrales, constate Thibault de Saint-Vincent du groupe immobilier de prestige Barnes. « A Londres, Paris, New York, Miami ou Genève, nous comptons plusieurs centaines de clients ayant des postes clefs dans les 500 premières sociétés mondiales, comme Apple, Coca Cola, Samsung, Richemont, etc., qui restent les premières bénéficiaires de cette création monétaire grâce aux ménages qui consomment les produits de ces sociétés. »
De plus en plus jeunes
Le groupe de consultants WealthInsight, qui travaille notamment pour les entreprises du luxe, a fait tourner son immense base de données et l’a agrégée à un certain nombre de statistiques mondiales pour un exercice presque divinatoire : mesurer le nombre de nouveaux millionnaires qui vont apparaître cette année dans le monde. Le résultat est assez détonnant. WealthInsight anticipe une hausse de 22,6 % du nombre de millionnaires en Indonésie (+ 8.362), de 17,1 % en Inde (+ 42.921) et de 10 % au Nigeria (+ 1.590). La Chine, le Brésil et la Turquie malgré le ralentissement économique ressenti ces derniers mois devraient aussi voir augmenter cette population d’environ 8 %. Avec un effectif de 1,38 million de millionnaires anticipé à la fin de cette année, la Chine devrait faire jeu égal avec l’Allemagne… alors que l’Inde et ses 293.000 millionnaires fin 2014 devrait dépasser l’Italie.
Les BRICS, mais aussi les pays surnommés « MINT » (Mexique, Indonésie, Nigeria, Turquie) profitent à la fois de l’appétit croissant de la Chine pour les matières premières agricoles ou minières et de l’émergence d’une nouvelle classe moyenne avide de consommation et de services (banque, télécoms, luxe…). C’est surtout dans ces pays que la population de riches est le plus amenée proportionnellement à croître. Selon Oliver Williams, consultant pour WealthInsight, « il y a une nouvelle classe de riches en train de naître dans les pays MINT et qui croît de façon très rapide. Cela rappelle les BRICS d’il y a dix ou quinze ans. La seule différence est que les nouveaux millionnaires turcs, mexicains, nigérians ou indonésiens sont beaucoup plus jeunes ».
Et La France ? Elle devrait enregistrer cette année la création de 11.100 nouveaux riches (+ 2 %), quatre fois moins que la Grande-Bretagne et cinq fois moins que l’Allemagne. Selon WealthInsight, la France reste quand même la 7e puissance mondiale en nombre de HNWI. Sans surprise, les Etats-Unis restent la patrie des millionnaires (5,231 millions fin 2013), devant le Japon (2,15 millions) et pourraient « fabriquer » cette année 496.000 nouveaux super-riches (+ 9,5 %). Créer une entreprise dans la high-tech, les biotechnologies ou obtenir un poste de responsabilité dans une entreprise du S&P 500 restent le meilleur moyen de faire fortune outre-Atlantique.
Le consultant Oliver Williams s’interroge aussi sur les défis liés à cet afflux de richesse.« Certains pays comme le Nigeria connaissent une forte propagation de la pauvreté concomitamment à la hausse du nombre de millionnaires. Les inégalités importantes, l’une des caractéristiques des BRICS, pourraient bien être partagées par les MINT si la corruption n’est pas contrôlée et si la philanthropie des plus riches n’est pas encouragée. »
Pierrick Fay
Article original sur le site des Echos.