Extraits de l’interview donnée par le sociologue Nicolas Duvoux à Elle sur les femmes, les inégalités et la pauvreté :
« Le système de protection sociale continue de s’élaborer en se basant sur le salaire masculin, le travail de la femme restant perçu comme un salaire d’appoint. Cette méthode de calcul rend invisible la pauvreté des femmes. »
« Beaucoup de femmes occupent des emplois précaires, concentrés dans le secteur des services (restauration nettoyage), avec des volumes horaires qui ne leur permettent pas de sortir la tête de l’eau. Elles ont plusieurs employeurs et grappillent des heures ici et là. »
« Dans les familles monoparentales, le taux de pauvreté est très élevé : elles représentent 7% des familles mais 20% des ménages pauvres. Certains facteurs de pauvreté se combinent : par exemple, pour les femmes qui n’ont pas d’emploi continu et qui ne peuvent donc pas bénéficier d’une garde d’enfants. C’est un cercle vicieux : ces femmes sont prises dans un goulet d’étranglement. Elles ne peuvent payer une garde d’enfant, arrêtent leur activités professionnelles pour s’occuper de leurs enfants et ont des difficultés à retrouver du travail. Elles ont un libre choix extrêmement contraint. »
« Ces femmes sont toujours en recherche, elles n’ont jamais de tranquillité. Elles n’ont pas de possibilité de construire une carrière, c’est de l’urgence qui dure. Le fait d’avoir plusieurs emplois, du travail émietté comme le décrit Florence Aubenas dans « Quai d’Ouistreham », complique les choses : physiquement et psychologiquement, c’est très dur, ça use très vite, beaucoup sont à la limite du burnout. »
Extraits de « Les travailleurs pauvres ? Des femmes en priorité ! », interview donnée par le sociologue Nicolas Duvoux à Elle, 23 février 2012.
Article intégral : ‘Les travailleurs pauvres _ Des femmes en priorité !’ | Elle