Les Échos, 6 décembre 2012
Par Stéphane Dupont
11 % des personnes interrogées par CSA pour «Les Echos» se déclarent pauvres et 37 % en passe de l’être. Les employés sont la catégorie sociale qui se sent le plus fragilisé par la crise.
C’est un chiffre qui ne manquera pas d’alimenter les débats lors de la grande conférence nationale contre la pauvreté qui se tient lundi et mardi à Paris en présence de François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Pas moins de 48% des personnes interrogées par CSA pour « Les Echos » se déclarent « pauvres » ou « en train de le devenir ». Soit près d’un Français sur deux. Dans le détail, 11% des sondés se disent « pauvres » et 37% en passe de l’être.
Les employés broient tout particulièrement du noir avec un taux qui grimpe à 60%. « Parce qu’ils comptent dans leurs rangs plus de femmes, de temps partiels et de contrats précaires », explique Jérôme Sainte-Marie, directeur du département politique-opinion de CSA. Les ouvriers sont un petit peu moins pessimistes, 51% d’entre eux se déclarant pauvres ou en passe de le devenir.
Milieux populaires
Sur le plan des sensibilités politiques, ce sont les sympathisants du Front national (68%), qui se recrutent beaucoup dans les milieux populaires frappés par la crise, qui accusent le plus le coup. Loin devant ceux notamment du Front de gauche (41%) ou du Parti socialiste (32%), « très présents dans le secteur public », décrypte Jérôme Sainte-Marie.
« On n’est plus dans le sentiment de déclassement, mais dans celui de paupérisation », insiste ce dernier. « Bon nombre de Français n’ont plus seulement l’impression qu’ils vivront moins bien que leurs parents ou que ce qu’ils espéraient, mais qu’ils pourraient être précipités dans la misère, s’ils n’y sont pas déjà, en raison entre autre de la crise. On est entré dans une nouvelle ère.»