Les groupes trop riches s’exposent à la critique | Le Figaro

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DÉCRYPTAGE – Apple, Microsoft Google et Cisco sont les grandes entreprises américaines qui ont amassé de véritables fortunes.

Au petit jeu des sociétés disposant des réserves de trésorerie les plus importantes, les grandes entreprises technologiques américaines tiennent le haut du pavé. Aux 98 milliards d’Apple s’ajoutent les 52 milliards de Microsoft, les 44 milliards de Google ou encore les 40 milliards deCisco. Ces cinq-là cumulent 234 milliards de cash! Et ils ont tous le même problème: que faire de cette fortune?

À tel point qu’ils font régulièrement l’objet d’un flot de critiques de toutes parts: des investisseurs, des analystes financiers, des politiques et des consommateurs. Très critiques envers les sociétés trop endettées, les analystes n’apprécient pas non plus de voir d’immenses réserves d’argent inutilisées. Ils préféreraient les voir employées à financer de la croissance interne ou externe.

Ce qui est loin d’être le cas. Microsoft a dépensé moins de 0,14% de sa réserve de cash en 2011 pour financer des acquisitions. Le problème est que ces sociétés technologiques sont trop grosses pour grandir: 90% des PC vendus dans le monde sont déjà équipés de Microsoft. Leur modèle économique ne se prête pas non plus aux opérations de croissance destinées à accroître une présence géographique: Microsoft, Apple et Google sont déjà présents partout dans le monde. Elles pourraient investir dans des diversifications, mais les changements de secteur sont très difficiles à gérer. Google a déboursé 15 milliards de dollars l’année dernière pour racheter Motorola et doit prouver qu’il est capable de l’intégrer.

Paradoxalement, la distribution de dividendes pose aussi un problème d’image. Un principe non écrit des marchés boursiers veut qu’une entreprise de croissance ne distribue pas de dividende. La hausse de l’action suffit à satisfaire l’actionnaire. La distribution de dividende est réservée aux entreprises matures qui voient leur croissance ralentir. Verser un dividende est donc un mauvais signe donné au marché.

La grogne des consommateurs

De fait, Microsoft a commencé à distribuer des dividendes en 2003. Depuis, sa croissance marque le pas. Cisco ne s’est résolu à le faire qu’en 2010 et Apple, depuis lundi. Elles ne le font que contraintes et forcées. «En moyenne, les actions des entreprises de l’indice S & P 500 offrent un rendement de 2 à 3%, relève un analyste de Merrill Lynch. Dans le cas d’Apple, ce sera 1,8%.» Avoir un tas d’or est aussi une source de tensions avec les politiques. Entre la moitié et les trois quarts des réserves des groupes technologiques sont situées hors des États-Unis et ils ne veulent pas rapatrier la trésorerie car la fiscalité américaine pénalise fortement ce mouvement. Ces groupes de high-tech militent pour une suppression de cette imposition. Mais ils se font régulièrement critiquer par des associations américaines qui souhaiteraient les voir dépenser leurs fonds pour créer des emplois aux États-Unis et acquitter des taxes dans leur pays d’origine.

Enfin les consommateurs seraient à même de réclamer une part du butin. Si Apple a autant de cash, c’est parce que ses produits sont très chers et que ses marges sont plantureuses (44,7%). Les consommateurs pourraient donc exiger des baisses de prix.