Observatoire des inégalités, le 24 janvier 2013
NB : certains graphiques ne s’affichent pas sur cette page, mais sont visibles sur la page originale de l’Observatoire des inégalités.
Entre 2008 et 2011, le nombre de pauvres a augmenté en France entre 400 000 et un million selon les définitions, d’après les données publiées par Eurostat. Les premières victimes de la crise sont les jeunes et les personnes peu qualifiées.
Le taux de pauvreté au seuil de 60 % du niveau de vie médian [1] s’élève à 14 % en 2011, selon les données publiées par l’organisme statistique européen Eurostat. Le taux atteint 7,1 % si l’on considère le seuil de 50 % du niveau de vie médian, et 3,1 % au seuil de 40 %. La crise économique a un impact marqué sur les taux de pauvreté, qui ont augmenté de 12,7 % en 2008 à 14 % en 2011 au seuil de 60 %, de 5,8 à 7,1 % au seuil de 50 % et de 2,5 à 3,1 % au seuil de 40 %. Selon Eurostat, la pauvreté aux seuils de 40 et 50 % aurait diminué en revanche pour la seule année 2011.
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Au total, le nombre de personnes pauvres a très nettement progressé : de 400 000 au seuil de pauvreté le plus strict à près d’un million si l’on considère la définition la plus large. En proportion, la grande pauvreté a le plus augmenté entre 2008 et 2011 : au seuil de 40 %, le nombre de pauvres s’est accru de 27 %, contre 13 % au seuil de 60 %. Selon les définitions, on compte entre 1,9 et 8,6 millions de personnes pauvres en France.
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Le seuil de pauvreté est calculé en proportion du niveau de vie médian [2]. L’évolution actuelle de la pauvreté signifie que les populations du bas de l’échelle s’éloignent du niveau de vie médian : l’écart se creuse entre les ménages les moins favorisés et les catégories moyennes. L’augmentation du taux de pauvreté résulte de la très forte progression du chômage au cours des quatre dernières années. La moitié des chômeurs n’étant pas indemnisés, une partie de ceux qui se retrouvent sans emploi doivent faire face à d’importantes difficultés financières. Ces taux moyens masquent des écarts élevés selon les tranches d’âges et les niveaux de diplômes. Les premières victimes de la crise actuelle sont les jeunes et les personnes peu qualifiées.
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Le niveau de pauvreté est plus faible en France que dans les pays européens de taille de population comparable : Allemagne (15,8 % de pauvres), Royaume-Uni (16,2 %), Italie (19,6 %) et Espagne (21,8 %). Les deux seuls pays qui se distinguent réellement du lot en Europe sont la Norvège (10,5 % de pauvres) et les Pays-Bas (11%). Si la situation sociale se dégrade nettement en France, notre modèle social évite une détérioration encore plus forte.
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Les données Eurostat sur la pauvretéLes données publiées par Eurostat sur la pauvreté sont différentes des données officielles françaises diffusées par l’Insee : les premières sont déclaratives et les secondes sont obtenues à partir des déclarations d’impôts. Les chiffres d’Eurostat – en particulier les comparaisons internationales – sont à considérer comme des ordres de grandeur car les modes d’enquêtes diffèrent selon les pays. L’un des avantages de ces données européennes, est qu’elles sont connues avec six mois d’avance sur les chiffres français et qu’elles permettent d’évaluer plus rapidement les évolutions. |
Article extrait du Centre d’Observation de la société.
Photo / © jerome DELAHAYE – Fotolia.com
[1] Le seuil de pauvreté à 60 % est le plus utilisé dans les comparaisons internationales
[2] Revenu après impôts et prestations sociales qui partage l’effectif de la population en deux