Plus de 300 milliardaires en Chine | Le Monde

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Wang Jianlin, le patron du conglomérat chinois.

Au printemps, la Chine apprenait que Kong Dongmei, la petite-fille de Mao Tsé-toung, figurait sur une liste de millionnaires établie par New Fortune, un magazine financier chinois. Kong Dongmei, quadragénaire, et son mari, Chen Dongsheng, figurent au 242e rang d’une liste de riches personnalités : leurs avoirs sont estimés à 5 milliards de yuans (620 millions d’euros). Mme Kong est la petite-fille de Mao et de sa troisième épouse, He Zizhen. En 2001, elle avait ouvert une librairie à Pékin vantant la « culture rouge », celle de la cause révolutionnaire prolétarienne à l’origine de la fondation de la Chine communiste en 1949. Les internautes ont ironisé sur cette fortune, estimant qu’elle était bien loin de correspondre aux valeurs de désintéressement de la période maoïste. Ils ont aussi critiqué Mme Kong pour avoir apparemment violé la règle de l’enfant unique. Selon New Fortune, le couple aurait trois enfants.

L’institut de recherche Hurun affirme qu’aujourd’hui, en Chine, le nombre de milliardaires en dollars a passé cette année pour la première fois les trois cents. La deuxième économie mondiale compte précisément trois cent quinze milliardaires, soit soixante-quatre de plus qu’en 2012. Wang Jianlin, le patron du conglomérat géant Wanda, qui a notamment racheté la chaîne américaine de salles de cinéma AMC, est désormais l’homme le plus riche du pays, avec une fortune estimée à 22 milliards de dollars, selon Hurun, dont le classement confirme sur ce point celui de Forbes. La fortune moyenne des mille Chinois les plus riches s’établit à 1,04 milliard de dollars.

Lei Jun, propriétaire des téléphones portables Xiaomi, a grimpé le plus vite dans le classement avec une fortune multipliée par sept d’une année sur l’autre, à 2,6 milliards de dollars. L’immobilier est la principale source d’enrichissement des milliardaires chinois, et ce, malgré les efforts du gouvernement pour limiter les achats de propriété et la flambée des prix.

UN CADEAU EMPOISONNÉ

Mais plusieurs de ces milliardaires ont été rattrapés par des scandales : trois des dix personnalités les plus riches de 2012 à Chengdu, capitale du Sichuan, sont depuis sous les verrous en attendant leur procès dans le cadre de la campagne anticorruption en cours, précise Hurun. Un autre milliardaire emprisonné, Xu Ming, au 676e rang l’an dernier avec 490 millions de dollars, a été l’un des témoins clés du retentissant procès de Bo Xilai en août, déclarant avoir donné pour 3,4 millions de dollars de pots-de-vin et acheté une villa à Cannes à l’ancien membre du bureau politique du Parti communiste chinois.

Et le divorce à 3 milliards de dollars de Mme Wu Yajun, la richissime promotrice immobilière, l’a fait chuter du 8e au 22e rang, tandis que son ex-mari, grâce à cette manne, faisait son entrée dans le Top 50.

Figurer sur la liste de Hurun peut s’apparenter aussi à un cadeau empoisonné, relève Oliver Rui, professeur de finances et de comptabilité à la China Europe International Business School de Pékin. La valeur des entreprises aux mains de ceux figurant sur la liste a chuté de façon significative ces trois dernières années, et « en raison de la pression de l’opinion, le gouvernement tend à examiner au plus près » leurs comptes, assure-t-il dans une étude publiée mercredi.

En août, Hurun montrait que l’apparition de nouveaux millionnaires en Chine avait nettement ralenti en 2012, à l’unisson d’une nette décélération de la croissance économique et de la chute des Bourses locales. La Chine comptait en effet, à la fin de 2012, 1,05 million de millionnaires (possédant une fortune d’au moins 10 millions de yuans, soit 1,63 million de dollars), une progression de seulement 3 % par rapport à l’année précédente, la plus faible évolution depuis cinq ans. Cette relative stagnation s’explique avant tout par la morosité de la conjoncture économique, avec une croissance de 7,8 %, la Chine a connu en 2012 sa pire performance depuis treize ans.