Pour l’ONU, le creusement des inégalités fragilise l’amélioration des conditions de vie dans le monde | Le Monde

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Misao Okawa, la femme la plus vieille du monde, a fêté ses 115 ans à Osaka au Japon, le 5 mars 2013.

A parcourir le classement annuel publié jeudi 14 mars par le rapport sur le développement humain 2013 du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le monde ne change guère.

Sur les 186 pays auscultés, les cinq les mieux lotis demeurent la Norvège, l’Australie, les Etats-Unis, les Pays-Bas et l’Allemagne (la France étant classée vingtième) et les cinq pays qualifiés par euphémisme de « moins avancés » sont tous situés en Afrique subsaharienne, soit le Burkina Faso, le Tchad, le Mozambique, la République démocratique du Congo et le Niger, éternelle lanterne rouge.

A y regarder de plus près, le rapport signale une révolution. Il montre que les pays développés sont à l’arrêt et que « l’essor du Sud se produit à une vitesse et à un niveau sans précédent ». En 2020, la production du Brésil, de la Chine et de l’Inde dépassera celle du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis réunis.

Mieux : l’indice de développement humain (IDH) calculé par le PNUD révèle que les pays les plus pauvres ont plus progressé que les autres. L’objectif de réduire en 2015 (par rapport à 1990) de moitié le nombre des personnes vivant avec moins de 1,25 dollar (0,96 euro) par jour a été atteint dès 2012, notamment grâce aux 510 millions de Chinois qui sont sortis de l’extrême misère, entre 1990 et 2008. En Afrique subsaharienne, l’espérance de vie à la naissance est passée de 49,5 ans en 2000 à 54,9 en 2012, la moyenne mondiale s’élevant à 70,1 ans.

Tout irait pour le mieux, selon le PNUD, si les inégalités ne menaçaient pas la croissance économique. Les Etats-Unis ne sont plus au troisième rang mondial pour le développement humain mais au seizième, si on corrige celui-ci des inégalités qui y sévissent. Avec la même correction, le bon dernier, le Niger revient de la 186e place à la 131e.

A NEW YORK AUSSI

En fait, les inégalités en matière de santé et d’éducation ont partout reculé. En revanche, les inégalités en matière de revenus se sont aggravées dans certaines régions et au sein de certains pays. Comme le souligne Najat Rochdi, directrice adjointe du PNUD à Genève, « chaque Nord a son Sud et chaque Sud a son Nord ! »

Ce que confirme une étude réalisée par l’Institute on Assets and Social Policy et publiée le 15 janvier. Elle met en lumière que l’écart de richesse entre foyers américains blancs et noirs a presque triplé entre 1984 et 2009, les premiers s’enrichissant de 265 000 dollars et les seconds de 28 500 dollars.

Autre révolution, les pays riches commencent à s’inspirer des expériences des pays en développement pour traiter leurs poches de pauvreté. Le rapport du PNUD publie le témoignage de Michael Bloomberg, maire de New York, qui a lancé en 2007 le premier programme américain de lutte contre la pauvreté Opportunity NYC : Family Rewards. Il s’est inspiré des incitations monétaires pour les soins préventifs, l’éducation et la formation professionnelle du programme « Oportunidades », créé en 2000 par le Mexique en faveur des familles défavorisées. Comme quoi, le Sud aussi peut aider le Nord.